De Salta (Argentine) à Mendoza (Argentine)
Salta, première ville digne de ce nom depuis
Asuncion. « Salta la linda » d'après les dires de je ne sais
plus quel poète. Salta est, comme les autres villes argentines, un damier
composé de « cuadras » (blocs de maisons), les noms des rues
correspondent en gros à ceux des provinces du pays : San Juan, La
Rioja, Cordoba, Buenos Aires…Au centre du damier, un cuadra est reservé à
de la verdure et à une statue d'un des « libertador » de
l'Argentine : general San Martin, General Belgrano, General Guemes…
Ce cuadra est souvent dénommé « Plaza de la independencia » ou
« Plaza del 9 de julio ». Ces placettes sont des lieus de
rendez-vous : des cols blancs se rendant à un dîner d'affaire, des
touristes français ayant rendez-vous avec d'autres français, de presque
tous les amoureux de la ville. A salta, la Plaza de 9 de julio est
particulièrement soignée et bien entourée : palmiers, fontaines,
cathédrale, bâtisses coloniales à balcon de bois…A Salta et dans ses environs,
nous rencontrons des Français tous les jours. Comme Bruno et Christine
par exemple, partis de Santiago et se dirigeant vers la Bolivie :
échange d'expériences bonnes ou mauvaises, d'itinéraires, de contacts…
La principale attraction touristique du coin
est le fameux « train des nuages » ou « el tren a las
nubes ». Dilemme : à faire ou pas ? Déjà à Paris, une
hôtesse de l'air nous parlait du « train des nuages ». Finalement,
on opte pour « la bicicleta a las nubes » : une route suit
à peu de choses près la voie ferrée vers le Chili. Nous aurons tout le
temps d'admirer la Quebrada del Toro, la quebrada de Tastil et de faire
étape dans chaque « pueblito » en quête de pain, de fromage et
d'eau. Les dimensions sont autres que celles d'un col alpin : 130 km
de montée, col de l'Abra Blanca à 4080 m. Mais on a peu la sensation de
hauteur car à 2000, à 3000 comme à 4000 m, il reste toujours 1000 m de
roche rouge au-dessus de nous. San Antonio de Los Cobres, ancienne cité
minière (cuivre) est à 3800 m d'altitude au milieu de l'étendue
désertique de la Puna (altiplano) ; c'est le domaine des salars. Le
soir, avec le coucher du soleil, lorsque d'ocre, les montagnes deviennent
noires, le désert de sel de Salinas Grandes apparaît à l'horizon telle
une mer blanche. La carte indique qu'il est à plus de 100 km.
A San Antonio, nous allons faire notre
première expérience de la fameuse Ruta 40 (traverse toute l'Argentine du
nord au sud par le piémont andin). Le seul « hic » est que la
Ruta 40 franchit ici un col à 4900 m et qu'il n'y a pas d'autre
alternative pour aller vers le Sud. A Salta, on avait déjà prévu le
coup ; on avait tapé sur internet « Abra del Acay + vélo »
(le nom du col). Et sur quoi nous sommes tombés ? Sur une page du
célèbre Fred Ferchaux, connu virtuellement de tous les cyclo-voyageurs.
Pour être bref, Fred Ferchaux a promené sa bicyclette presque partout sur
la planète, en particulier dans la Cordillère des Andes qu'il a sillonnée
pendant deux ans. En plus, Fred aime communiquer et faire part de ses
expériences à ses amis cyclo-voyageurs-internautes. Si Fred l'a fait,
l'Abra del Acay, pourquoi pas nous !? On se lance donc sur cette
piste ensablée et de 4000 à 4400 m, on pousse, on marche. Lorsque le sol
n'est pas mou, la route se transforme en « tôle
ondulée » : les secousses ne sont pas le meilleur remède contre
le mal de tête quasi-permanent depuis l'altitude de 3800 m. A 4400 m, on
essaye de monter notre « tente extrême » dans le vent.
Résultat : un arceau brisé. Joker : on a une tente d'été, dix
fois moins chère. Arrimée à des blocs de pierres à l'extérieur et à
l'intérieur (!), elle se plie dans tous les sens mais tient le coup. La
nuit sera exceptionnellement peu froide pour cette altitude dans la Cordillère :
7 degrés sous zéro à l'intérieur de la toile. Le lendemain, nous nous
lançons à l'assaut de ce col, doucement, en marchant la moitié du temps.
A noter quand même, une pointe de vitesse à 20 km/h, à 4700 m, à la
faveur d'un énergique « vent dans le dos ».
Après le col, nous avons une forte envie de
dormir dans un lit le soir, et pour cela de rallier le petit village de
La Poma à 50 km de là et 2000 m plus bas. Ralentis par de fréquents
passages de gués pieds nus, on perçoit de plus en plus qu'on ne va pas échapper
à une nuit supplémentaire dans la tente – moustiquaire. Un 4 x 4 de la
police passe par là et les policiers, nous voyant pieds nus dans la
rivière, nous proposent de charger les vélos dans le pick-up. Le soir, on
dort chez un des policiers, lui est de permanence au commissariat. C'est
la première fois du voyage qu'on nous prête un appartement.
Après cet épisode montagnard, nous entamons
notre descente vers le sud et l'hiver austral. Au niveau de l'itinéraire,
il n'y a pas besoin de tergiverser longtemps : ce sera la Ruta 40
sur plus de 650 km : des plaines d'alluvions formées par les
quelques semaines de la saison des pluies annuelle, des sierras parfois
longues de 200 km, des villages de loin identifiables. Grâce à la culture
d'irrigation, des arbres émergent soudainement du désert et marquent la
présence d'habitations. Au abords des villages : cultures de noyers,
vignobles puis dès la sortie, à nouveau cactus et épineux pendant 70 km.
Au nord de Belen, province de Catamarca, nous avons le plaisir de
profiter de 70 km d'asphalte supplémentaire, non prévus au programme.
L'explication est la présence dans la montagne de la plus grande mine
d'or encore en exploitation dans le pays. 1 km après la vision
surréaliste d'un aérodrome privé au milieu du désert (desservant la mine
située à 20 km), la route en terre est de retour. A Pituil, village
espacé de 40 km de son premier voisin, pas de possibilité de boire un thé
ou une boisson chaude. La personne qui nous informe de cette
impossibilité nous invite chez elle et nous nous retrouvons à passer la
soirée chez la famille Bildegain de lointaine origine française. Nous y
faisons l'expérience du rythme de vie argentin : repas à minuit, un
mardi, alors que tout le monde travaille le lendemain matin. Heureusement
qu'il y a la grosse sieste de l'après – midi.
La suite de la route peut se résumer en deux
phrases :
• La vallée de la Luna et ses rochers
aux formes extravagantes était dans les nuages.
• 410 km et 5 possibilités de boire un
thé.
Il n'est pas indispensable de traverser la
Patagonie pour se faire une idée de ce qu'on appelle « les grands
espaces ». La pluie et sa grande capacité de persuasion, nous
convaincront que la meilleure solution est de prendre un bus et « d'avaler »
en 4 heures les 300 km qui nous séparent de Mendoza.
Mendoza est une grande ville : on peut
aller chez Carrefour, s'habiller chez C&A et dormir à l'hôtel Ibis.
Mais on y retrouve quand même nos repères avec la classique « Plaza
de la Independencia » plantée d'arbres et fréquentée par les ados
mendocinos amoureux.
Pour voir les photos c'est ici
et ici
(il y a deux pages de photos)
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