
De Sao Paulo (Sorocaba), Brésil à Foz Do
Iguaçu, Brésil
12 heures de vol et nous voici sur le sol
sud-américain. Dans la queue du passage en douane, discussion avec un
Suisse vivant au Brésil, travaillant à Zurich et de passage à Sao Paulo
pour se faire faire un dentier (3000 Euros ici contre 12000 en Suisse
nous dit-il). « J'adore le Brésil…C'est un pays extrême…Mais c'est
très dangereux…Sans vouloir vous faire peur…Il ne faut pas sortir la
nuit…Sans vouloir vous faire peur…Il faut faire attention à ne pas
exhiber une tenue vestimentaire trop révélatrice d'un bon compte en
banque…Et puis l'agglomération de Sao Paulo, ça a la taille de la
Belgique » (Etat de Sao Paulo = 2/5 de la France). C'est surtout ce
dernier argument qui va nous convaincre de traverser la ville en bus (un
cuissard cycliste ne fait pas réellement signe extérieur de richesse.
Quoi que…). Tant pis, mais on préfère « visiter » les favellas
en 10 minutes de bus plutôt qu'en une heure de vélo quoiqu'en dise la
« charte du Guide du Routard » : « Les voyageurs sont
toujours trop pressés. Or, on ne peut ni tout voir, ni tout faire. Savoir
accepter les imprévus, souvent plus riches en souvenir que les périples
trop bien huilés. Les meilleurs rapports humains naissent avec du temps
et non de l'argent. Prendre le temps. Le temps de sourire, de parler, de
communiquer, tout simplement. Voilà le secret d'un voyage réussi ».
Sao Paulo n'est pas décevante, c'est bien la
mégapole que l'on attendait avec des tours à perte de vue et un nuage de
pollution flottant au-dessus. On prend donc le bus direction Sorocaba à
90 km de là, une ville moyenne qui, d'après la carte, paraît être hors de
la toile autoroutière pauliste et située plus ou moins dans la direction
voulue. En examinant la carte du Sud du Brésil, on découvre le réseau
routier entre Sao Paulo et Foz Do Iguaçu (notre premier objectif). Bien
que le Brésil soit le plus riche des pays du Sud (pour utiliser un terme
politiquement correct), dans le Tiers monde (pour utiliser un terme moins
politiquement correct), on ne goudronne pas une route pour rien :
généralement, c'est pour que cela serve les intérêts économiques du pays
et en l'occurrence pour y faire circuler des camions. Il faut avouer que
nous avons un peu bâclé la préparation de cette partie du voyage
(Brésil). Mais, il faut dire aussi que débarquer avec des vélos dans la
quatrième ville du monde sans savoir où dormir le soir a quelque-chose de
grisant. Après 5 mois, on gagne en confiance en soi et on accepte plus
l'improvisation. Le soir même, on monte notre tente devant l'entrée d'une
propriété privée abandonnée.
L'état de Sao Paulo a été assez
problématique quant à la recherche de lieux de campement : tout est
grillagé : les champs, les forêts…(en fait presque tout : sauf
les marécages). On oublie les campings romantiques loin de tout :
place à de folles nuits bercées par le son des poids lourds ( que l'on
entend même à cent mètres).
Pour en revenir à l'itinéraire, on n'a pas
eu le courage de s'engouffrer dans un labyrinthe de pistes rouges
boueuses pour traverser les états de Sao Paulo et du Parana. On regrette
un peu car le Brésil de la route n'est qu'une infime partie du Brésil.
Les points positifs : on a eu notre dose de bitume bien roulant et
de camions. Nous sommes aujourd'hui avides de pistes et de découverte de
lieux de vie autres que les stations service.
Cependant, la route a aussi son lot de
rencontres insolites : un chauffeur de poids lourds âgé de 80 ans et
qui a 59 ans de métier derrière lui, un Japonais à moto qui pilote sa
Yamaha Vmax depuis un an sur les routes d'Amérique, dans une zone de
forêt subtropicale: des indiens Guarani qui profitent des ralentissements
dus aux travaux de restauration de la voie pour vendre leur artisanat, un
propriétaire terrien, Adolfo, qui nous héberge dans sa ferme au milieu
d'une « fazenda » (4 étangs de pêche, 2 terrains de
football : la crise du logement ne sévit pas partout).
Au bout de 15 jours,
nous sommes venus à bout de ces 1000 km de terres agricoles, de restes de
forêt subtropicale, de cette succession ininterrompue de montées /
descentes. La récompense, ce sont les grandioses chutes d'Iguaçu. Au
fait, à Foz Do Iguaçu, il y a un aéroport, un terminal de bus et aucun
parking à vélo. Etonnant non ?
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