De Comodoro
Rivadavia à Buenos Aires( Argentine )
Pour ce dernier carnet
de route, le ton est un tantinet plus léger et parfois on a essayé de
faire de l’humour (je dis bien « essayé »)...
Dans les
environs de Pampa Del Castillo, Chubut,
Patagonie Argentine (à 80 km de Comodoro). Nous prenons un café à la station service YPF. La veille, à
la serveuse de la station:
“ Est-il
possible de monter notre tente à
côté de la station? Juste pour une nuit...”
Elle repart,
puis revient, souriante:
“Ici, c’est pas
possible mais j’ai une solution” nous dit-elle pour nous rassurer.
“A 60 km, il y a
un camping”
La nuit tombe,
nous sommes en tenue de cyclisme et sa solution miracle est de faire 60 km pour
trouver un lieu de campement.
Bon, d’ accord,
on va faire 5 km et planter la
tente à 20 m au bord de la
route (pas possible de s’éloigner plus: cette fois ce n’est pas à cause des moutons, c’est à cause du pétrole). La nuit: plus de
circulation que prévu. Il doit y avoir un système de rotation du genre 3/8.
On a couché nos vélos à cause du
vent. Ce n’était pas une très bonne idée: tous les ¼ heure, quelqu’un
ralentit. Vers une heure du matin, on sait enfin pourquoi: une voiture
s’arrête puis on entend: “ no problemo, no
accidente”. Je sors la tête de notre tente pour rassurer et remercier de
cette bonne intention: “no problemo, muchas
gracias”. Donc le lendemain, dans la station, ce n’est pas un café qu’on
avale mais deux...
L’ambiance est
celle à laquelle on peut
s’attendre sur un champ de pétrole: 100% masculin, casques et bottes
mi-hautes. Soudain, l’un des travailleurs m’adresse la parole: “ vous
parlez français?” Puis me pose les questions habituelles: “D’ où viens tu? Où vas tu?” (En français). “ - Vous parlez bien
français lui dis-je
- Normal!!! Je
suis Français!!!”
Robert vit en
Argentine depuis 30 ans. Nous allons passer trois très agréables soirées
en sa présence. Voilà du Robert.
L’influence européenne: tu vois, demain là, à Comodoro, je
me pointe avec une cravate rouge à
points verts. “ Oh d’ où t
as eu ça, où t’as trouvé ça? – ça
vient d’Italie, c’est la dernière mode à Milan – Ah c’est chic...”Le
lendemain, sur San Martin, il y a 10 pèquenots
avec une cravate rouge à points verts. La dictature: “la dictature, c’est simple: tu vois là ou t’as dormi
avant hier avec ta tente et bien si un militaire passe par là, il
t’embarque...pour vagabondage”
Un temps, on a failli mettre un carton sur nos guidons résumant : somos franceses,
los dos, no brasileros
vuelta en America :
Brasil, Paraguay, Argentina, Chile, Argentina. Mais on s’est
dit que ça attirerait encore plus de monde, du coup on répond 50 fois par
jour à la même question: d’ où
vous venez ? Où allez
vous, vous êtes brésiliens?
Vous venez de
Ushuaia? – Non
De Bariloche (le « Avoriaz » argentin où les stars des telenovellas
vont faire du ski: je le sais, j ai vu ça dans le “Voici” local)? – Non,
de Comodoro.
-
Mais il n’ y a rien à faire à Comodoro!
On sait mais en
tant que touristes de station service on se devait de visiter le haut
lieu du pétrole argentin!
Oui, parce qu’on
a oublié de vous dire: après le tourisme vert, après le tourisme
industriel, le tourisme culturel, le tourisme d’aventure, ...nous on a
inventé le tourisme de station service. Il consiste à aller de stations essence en stations
essence (de préférence toujours chez
La YPF Repsol) profiter de
tous les bonheurs que peut offrir un tel lieu: un machine à café, un abri, parfois des douches, une
parrilla (restaurant de viande de boeuf), un
lieu de camping, un lieu de rencontres...etc. Et dans la Pampa Humida
argentine c’est souvent le seul lieu de vie et de convivialité sur 100 km. Alors à la
question d’où vous venez? De Ushuaia? On a souvent envie de répondre:
Non, nous venons de la précédente YPF et nous allons à la prochaine YPF
si vous voulez tout savoir!
D’ ailleurs en
parlant un peu d’ Ushuaia...On vous le dit en toute sincérité: Il n’ y a
RIEN à faire à Ushuaia (on n’y a pas été mais quoi de
plus plaisant que de parler de ce qu’on ne connaît pas). Nicolas Hulot
nous a raconté des histoires. S’il a appelé son émission
“Ushuaia, le magazine de l’extrême” c’est tout simplement parce que ça
faisait mieux que “Béton-Bazoches, le magazine de l’extrême”. Alors
arrêtez de nous fatiguer avec Ushuaia: je le répète il n’ y a pas plus
à faire à Ushuaia qu’ à
Béton-Bazoches, Seine-et-Marne.
D’accord c’est
la ville la plus australe du monde. Mais de toute façon, 600 km au
nord, Dabla était déjà la femme noire la plus
australe du monde alors pourquoi aller jusque tout au sud? (En plus ce jour là il n’
y avait aucune expédition africaine en Antarctique).
1000 km au
nord-ouest de Nicolas Hulot City,
nous visitons le glacier Perito Moreno:
superbe. On n’en dit pas plus, vous aviez qu’à être là.
Buenos Aires et sa province:
“Dieu est
partout, mais reçoit à Buenos Aires” disent les
argentins : ça veut dire quoi?
-
La laine prélevée sur les moutons patagoniens United Colors of Benetton
n’est même pas lavée sur place mais ... à Buenos
Aires.
-
Le pétrole de Comodoro
n’est pas raffiné sur place mais transporté par tankers pour être
raffiner...à Buenos Aires.
-
1/3 des habitants donc des électeurs du pays vivent
à ... Buenos Aires
-
¾ du PIB du pays est fourni par...Buenos Aires.
Dieu a beau
recevoir à Buenos
Aires, en ce moment, c’est quand même la crise: les petits métiers
explosent: promeneurs multi-chiens, rabatteurs
pour restaurants, vigiles pour surveiller la cathédrale, vendeurs de rues
et de tout, éboueurs « freelance », éboueurs
« freelance » assermentés, panneaux publicitaires ambulants,
vendeurs de chaussettes en restaurant...
Sinon, Buenos Aires est une très belle ville ou plutôt on
s’imagine qu’elle a été une très belle ville il y a 50 ans. De nombreux
styles architecturaux européens s’ y côtoient et on peut d’un quartier à
l’autre se balader dans Paris, Madrid, Barcelone ou Naples. On a aimé.
Enfin, pour
terminer, voici quelques chiffres
concernant le voyage à vélo :
Cela nous a pris
quelques soirées (une fois terminé le passionnant livre « l’agriculture en France »,
il faut bien s’occuper) donc même si ça n’intéresse personne, on va quand
même les placer.
Date de
début :
8 décembre 2003
Date de
fin : 17
novembre 2004
Nombre de
jours : 343
Nombre de jours
de voyage : 318
Nombre de jours
de vélo : 234
Nombre de jours
en France : 25
Nombre de pays
traversés : 17
Kilométrage
total à vélo : 16030 km
Nombre de
kilomètres sur piste : 3000 km
Nombre de
kilomètres par jour : 47 km
Nombre de
kilomètres par jour de vélo : 69 km
Nombre de jour
sans pédaler :
84
Kilométrage
journalier maximal : 135 km (au Sénégal)
Nombre de
cols : 17 (9 en Europe, 8 en
Amérique latine)
Altitude maximale atteinte à vélo : 4895m
(Col Abra Del Acay,
Salta, Argentine)
Montée la plus longue : 130 km
(montée du col Abra Blanca, Salta, Argentine)
Descente la plus longue : 60 km
(descente du Paso Bermejo, Chili)
Nombre de cyclotouristes rencontrés : 15
Nombre de nuits en tente : 185
(camping libre
ou camping chez l’habitant)
Nombre de campings officiels : 2
Nombre de nuits en logement payant : 116
(hôtels ou chambres chez l’habitant)
Nombre de nuits dans un lit offert : 17
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